Comprendre le RGPD
Adaptation législative du RGPD en France
Pour se conformer au RGPD, la France a dû adapter sa législation nationale. Cela s’est traduit par la mise à jour de la loi « Informatique et Libertés » de 1978, qui était le texte de référence en matière de protection des données personnelles en France. La loi du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles a intégré les dispositions du RGPD dans le droit français, tout en précisant certaines modalités d’application spécifiques à la France.
Les rôles et responsabilités de la CNIL
La CNIL, autorité de protection des données en France, joue un rôle central dans l’application du RGPD. Ses responsabilités ont été renforcées, lui permettant de mieux accompagner les organismes publics et privés dans leur mise en conformité et d’assurer le respect des droits des citoyens.
Ces missions sont d’abord l’information et l’accompagnement à travers une séries de guides, de recommandations, d’outils, de formations et de conférences pour aider les organisations à comprendre et appliquer le RGPD.
La CNIL joue aussi un rôle de contrôle et de sanction, elle a le pouvoir de réaliser des audits sur place ou à distance, d’émettre des avertissements, et même d’imposer des sanctions financières en cas de non-conformité au RGPD.
Qui est concerné par le RGPD ?
Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) s’applique à une large gamme d’entités et de situations, englobant essentiellement toute organisation, que ce soit au sein ou en dehors de l’Union européenne (UE), qui traite des données personnelles relatives à des individus dans l’UE.
- Toute entreprise ou entité (y compris les secteurs public et privé, les organisations à but non lucratif) basée dans l’UE qui traite des données personnelles est soumise au RGPD. Cela couvre les activités de traitement des données, qu’elles concernent des clients, des employés, ou d’autres individus.
- Les organisations situées en dehors de l’UE sont également concernées par le RGPD si elles offrent des biens ou des services à des individus dans l’UE ou surveillent leur comportement (par exemple, par le pistage en ligne) tant que ce comportement se produit au sein de l’UE. Cela signifie qu’une entreprise basée aux États-Unis, en Asie, ou ailleurs, qui cible des clients dans l’UE, doit se conformer au RGPD.
Le RGPD fait une distinction entre les « responsables du traitement » (les entités qui déterminent les finalités et les moyens du traitement des données personnelles) et les « sous-traitants » (les entités qui traitent des données personnelles pour le compte d’un responsable du traitement). Les deux sont soumis à des obligations spécifiques dans le cadre du RGPD.
Qu’est ce qu’une donnée personnelle ?
Selon la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), une donnée personnelle est définie comme « toute information relative à une personne physique susceptible d’être identifiée, directement ou indirectement ».
Cela signifie que toute information pouvant être utilisée directement, comme un nom ou un prénom, ou indirectement, comme un numéro de téléphone ou une adresse IP, pour identifier une personne, est considérée comme une donnée personnelle.
Cette définition large inclut également les informations qui peuvent identifier une personne par le croisement de plusieurs informations. Pour une explication détaillée, visitez le site de la CNIL.
Les données personnelles sensibles
Les données sensibles, une catégorie particulière de données personnelles, comprennent l’origine raciale ou ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, l’appartenance syndicale, les données génétiques, biométriques, de santé, sexuelles ou sur l’orientation sexuelle.
Le règlement européen interdit leur collecte ou utilisation, sauf dans certains cas, cités sur le site de la CNIL.
Quelles sont les obligations liées au RGPD ?
Gestion et suppression des données
Le RGPD impose des règles strictes sur la suppression des données personnelles, garantissant que les informations ne sont pas conservées au-delà de leur utilité.
Les entreprises doivent mettre en place des politiques claires pour la suppression des données, ce qui inclut la revue périodique des informations conservées et la justification de leur stockage. Cela concerne particulièrement les données sensibles qui nécessitent une attention accrue en termes de protection.
Protection dès la conception
Une des exigences clés du RGPD est l’intégration de la protection des données dès la conception des systèmes et des processus. Cela signifie que chaque nouveau service ou produit qui traite des données personnelles doit intégrer des mesures de protection des données dès sa phase de conception. La conformité n’est pas une réflexion après coup mais une composante intégrale de l’activité quotidienne.
Sécurisation des données
Discuter des mesures de sécurité à mettre en place pour protéger les données contre les accès non autorisés et les pertes. Cela inclut des technologies de cryptage, des protocoles de sécurité stricts et une formation continue des employés sur les meilleures pratiques de sécurité des données.
Rôles et responsabilités au sens du RGPD
Politique de confidentialité et consentement
La rédaction d’une politique de confidentialité conforme au RGPD est essentielle pour toutes les entreprises traitant des données personnelles. Cette politique doit être clairement accessible et comprendre des informations détaillées sur les types de données collectées, les finalités du traitement, et les droits des utilisateurs, y compris comment ils peuvent accéder à leurs données et les contrôler.
De plus, pour certains traitement de données, le consentement des personnes doit être recueilli de manière explicite et éclairée, ce qui signifie que les utilisateurs doivent être pleinement informés de l’utilisation de leurs données avant leur collecte.
Il est important que la politique de confidentialité soit régulièrement mise à jour pour refléter tout changement dans les pratiques de traitement ou dans la législation.
Droits des utilisateurs
Le RGPD renforce les droits des utilisateurs au sens du contrôle de leurs données personnelles. Cela inclut le droit à l’accès, à la rectification, à la suppression et à la portabilité des données.
Les utilisateurs ont également le droit de s’opposer au traitement de leurs données et de demander la limitation du traitement dans certaines circonstances.
Il est impératif que les entreprises mettent en place des procédures efficaces pour répondre à ces demandes dans les délais légaux.
Assurer la transparence et faciliter l’exercice de ces droits est non seulement une obligation légale mais aussi un élément clé pour maintenir la confiance des clients.
Gestion des données et conformité
Registre des activités de traitement
L’un des piliers de la conformité au RGPD est la tenue rigoureuse d’un registre des activités de traitement des données. Ce document essentiel doit détailler toutes les opérations effectuées sur les données personnelles, incluant la nature des données collectées, les finalités du traitement, les catégories de destinataires à qui les données sont divulguées, ainsi que les mesures de sécurité mises en place pour protéger ces données.
Tenir à jour ce registre n’est pas seulement une exigence réglementaire ; c’est également un outil précieux pour auditer et améliorer continuellement vos pratiques de gestion des données. Il permet non seulement de démontrer votre conformité en cas d’inspection par les autorités de contrôle, mais il aide également à identifier et minimiser les risques de non-conformité.
Gestion des violations de données
Face à une violation de données, le RGPD impose une réaction rapide et structurée. Les organisations doivent avoir des procédures claires pour détecter, signaler et enquêter sur toute violation de données personnelles et tenir un registre des violations de données.
En cas de risque élevé pour les droits et libertés des personnes, les entreprises doivent notifier la violation de données aux autorités de protection des données compétentes, généralement dans les 72 heures suivant la découverte de l’incident.
Si le risque pour les personnes concernées est jugé suffisamment élevé, ces dernières doivent également être informées sans délai indu. Une gestion efficace des violations inclut des plans de réponse préparés à l’avance, des équipes de réponse aux incidents formées et des canaux de communication clairs pour minimiser les dommages et maintenir la confiance des utilisateurs.
Le délégué à la protection des données (DPO)

Est-il obligatoire de désigner un DPO (Délégué à la Protection des Données) pour votre site ?
Le RGPD stipule que la nomination d’un DPO est obligatoire pour trois types d’organisations :
- Les autorités publiques ou les organismes publics, excepté les juridictions agissant dans leur capacité judiciaire.
- Les entités qui, en raison de leur cœur de métier, procèdent à un suivi régulier et systématique des individus à grande échelle.
- Les organisations qui traitent à grande échelle des catégories particulières de données personnelles, telles que les données sensibles, ou les données relatives à des condamnations pénales et des infractions.
Rôles et responsabilités d’un DPO
Le DPO a pour missions principales de:
- Informer et conseiller l’organisme qui l’a désigné sur les obligations qui lui incombent en vertu du RGPD et d’autres dispositions de protection des données.
- Contrôler le respect de ces législations, y compris la gestion des risques associés aux opérations de traitement des données, en tenant compte de la nature, de la portée, du contexte et des finalités du traitement.
- Être le point de contact pour les autorités de contrôle (comme la CNIL) et pour les personnes concernées sur toutes les questions relatives au traitement de leurs données personnelles et à l’exercice de leurs droits.
La nomination d’un DPO
Pour être efficace, le DPO doit disposer de connaissances spécialisées en matière de législation et de pratiques de protection des données. Il est essentiel que ce dernier jouisse d’une indépendance totale, ne recevant d’instructions d’aucune sorte concernant l’exercice de ses tâches. Il doit également avoir accès à des ressources adéquates pour mener à bien sa mission, et ne pas être exposé à un conflit d’intérêts.
Les bases légales de traitement
Qu’est-ce que la base légale de traitement de données personnelles ?
Une base légale de traitement de données personnelles représente le fondement juridique qui autorise une organisation à collecter, traiter, et utiliser ces données. Elle est indispensable pour la mise en œuvre de tout traitement de données à caractère personnel, assurant que celui-ci est légalement justifié.
Les bases légales prévues par le RGPD
L’article 6 du RGPD énonce six bases légales qui légitiment le traitement de données personnelles :
Le consentement
La personne concernée a explicitement consenti au traitement de ses données pour une ou plusieurs finalités spécifiques. Le consentement de la personne est systématiquement requis pour certains traitements, encadrés par des dispositions légales spécifiques : par exemple, pour réaliser de la prospection commerciale par courriel.
Exemple : Tout traitement de données à des fins publicitaires ou marketing
L’exécution d’un contrat
Le traitement est nécessaire à l’exécution ou à la préparation d’un contrat auquel la personne concernée est partie.
Exemple : la collecte des données bancaires est essentielle pour un site e-commerce dans le cadre de l’execution d’un contrat de vente
Les obligations légales
Le traitement est requis pour respecter une obligation légale à laquelle le responsable du traitement est soumis.
La mission d’intérêt public
Le traitement est nécessaire à l’exécution d’une mission d’intérêt public ou relevant de l’exercice de l’autorité publique.
L’intérêt légitime
Le traitement est nécessaire aux intérêts légitimes poursuivis par le responsable du traitement ou par un tiers, sauf lorsque les intérêts ou les droits et libertés fondamentaux de la personne concernée prévalent.
La sauvegarde des intérêts vitaux
Le traitement est nécessaire pour protéger les intérêts vitaux de la personne concernée ou d’un tiers.
Importance de la base légale
La sélection d’une base légale adéquate avant le début de tout traitement est une étape essentielle à la mise en conformité RGPD. Elle garantit non seulement la licéité du traitement mais influence également les droits des personnes concernées.
Par exemple, le droit à la portabilité des données s’applique uniquement lorsque le traitement est fondé sur le consentement ou un contrat, tandis que le droit d’opposition n’est pas applicable aux traitements fondés sur une obligation légale.
Documentation et communication
Les organisations doivent documenter le choix de leur base légale et informer les personnes concernées. Cela aide non seulement à démontrer la conformité en cas de contrôle mais renforce également la transparence vis-à-vis des personnes dont les données sont traitées.
Les droits des utilisateurs
Droit à l’information et au consentement
Le RGPD renforce le droit à l’information, exigeant que les utilisateurs soient informés de façon claire et concise sur la collecte et l’utilisation de leurs données. Les organisations doivent divulguer leur identité, l’objectif de la collecte des données, les destinataires de ces données, et la durée de leur conservation. Le consentement, pilier du RGPD, doit être explicite et donné librement, mettant fin aux pratiques de consentement implicite ou par défaut.
- Article 13 du RGPD : Informations à fournir lorsque les données personnelles sont collectées auprès de la personne concernée.
- Article 14 du RGPD : Informations à fournir lorsque les données n’ont pas été obtenues auprès de la personne concernée.
- Article 7 du RGPD : Conditions applicables au consentement, détaillant les exigences pour un consentement valide.
Droit d’opposition
Les utilisateurs ont le droit de s’opposer à l’utilisation de leurs données pour certaines finalités, notamment la prospection commerciale. Ce droit leur permet d’exercer un contrôle significatif sur leurs données, leur offrant la possibilité de refuser l’utilisation de leurs informations pour des activités spécifiques, à moins que des motifs légitimes et impérieux pour le traitement prévalent.
- Article 21 du RGPD : Droit d’opposition, permettant aux individus de s’opposer au traitement de leurs données personnelles dans certaines conditions.
Droits d’accès et de rectification
Le RGPD garantit aux utilisateurs le droit d’accéder à leurs données personnelles détenues par une organisation et de demander leur rectification si elles sont inexactes ou incomplètes. Les utilisateurs peuvent demander une copie de leurs données et ont le droit de connaître l’origine des informations les concernant.
- Article 15 du RGPD : Droit d’accès par la personne concernée, offrant la possibilité de recevoir une copie de ses données personnelles en cours de traitement.
- Article 16 du RGPD : Droit de rectification, permettant aux individus de faire corriger les données inexactes les concernant sans retard injustifié.
Droit à la portabilité
Ce droit permet aux individus de recevoir les données qu’ils ont fournies à une organisation dans un format structuré et de les transférer à un autre responsable du traitement. Il facilite la mobilité des données personnelles entre services, renforçant l’autonomie des utilisateurs dans la gestion de leurs informations.
- Article 20 du RGPD : Droit à la portabilité des données, autorisant les individus à recevoir leurs données dans un format structuré et de les transférer à un autre responsable du traitement.
Droit à la limitation du traitement
Les utilisateurs peuvent demander la suspension temporaire du traitement de leurs données dans certaines circonstances, par exemple, lorsque l’exactitude des données est contestée ou que le traitement est jugé illégal.
- Article 18 du RGPD : Droit à la limitation du traitement, permettant aux individus de demander la suspension du traitement de leurs données dans certaines circonstances.
Droit d’effacement
Aussi connu sous le nom de « droit à l’oubli« , ce droit permet aux individus de demander la suppression de leurs données personnelles lorsque celles-ci ne sont plus nécessaires, ou si le consentement est retiré. Ce droit joue un rôle crucial dans la protection de la vie privée en ligne, offrant aux utilisateurs la possibilité d’effacer leur trace digitale sous certaines conditions.
- Article 17 du RGPD : Droit à l’effacement (« droit à l’oubli »), permettant aux individus de demander la suppression de leurs données personnelles.